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FRANCOFOLIES de Abel Carballiño

FRANCOFOLIES de Abel Carballiño

Le blog des mordus de France, de français, de francophonie... Para los locos por Francia, el francés, la francophonie...


JR : LE COLLAGE ILLEGAL ARRIVE A CANNES

Publié par Abel Carballiño sur 20 Mai 2010, 08:56am

Catégories : #CINE:FestivalCannes

  J R .  Derrière ces initiales se cache un photographe engagé, spécialiste du collage illégal.  C'est comme Christo, mais au lieu d'utiliser des tissus, il utilise d'énormes photos .


Pour Women, sa dernière exposition, JR a affiché des portraits de femmes du monde entier dans des endroits insolites, des bidonvilles brésiliens aux trains kenyans.

 

 

Pour la première fois, il troque son objectif pour un viseur et réalise WOMEN ARE HEROES , sélectionné à la Semaine de la Critique et projeté à 21h30 au Cinéma de la Plage. Ce film-coulisses concourt pour la Caméra d’or. Interview.


Dans Women are Heroes, vous filmez les coulisses de votre dernière exposition. Pourquoi faire de cette exposition un film ?
Quand je me suis lancé sur Women, j’ai tout de suite eu envie de témoigner de manière cinématographique du projet. Au travers des photos, il manquait une dimension humaine qu’on ne retrouve qu’au travers de la vidéo, avec des gens qui disent pourquoi ils ont voulu être photographiés et la réaction des gens dans la rue.


Pourquoi le thème des femmes ?

Le thème est venu naturellement. J’ai voulu amener l’art dans les endroits où il n’existe pas, les endroits en conflits ou en post-conflit. Je me suis rendu compte que les rues sont régies par les hommes. La condition des femmes dans un pays révèle son état au niveau culturel, social, politique. Utiliser l’image, utiliser l’espace public, tout cela donne à la problématique de la femme un angle nouveau.


Dans quels lieux êtes-vous allé coller vos photos ?

On est allé au Brésil, au Cambodge, en Inde, au Kenya, au Soudan... Ce qu’il en ressort, c’est cette force et cette dignité qui animent toutes ces femmes, mais c’est surtout cette fierté du pays d’où elles viennent. C’est une image différente de celle que nous renvoient les médias.


Et d’un point de vue cinématographique, l’œil du photographe qui passe derrière la caméra, comment l’avez-vous vécu ?

J’ai eu envie de faire bouger mes images, avec des plans sur un train par exemple. C’est comme un nouveau terrain de jeu en tant que cinéaste. On a franchi une étape au-dessus dans les interviews, dans la documentation, mais sans gêner la spontanéité de ces rencontres. Et c’est là la force du projet. Les gens arrivent et se disent « Ca a été fait avec trois bras et c’est gigantesque ! Qu’est-ce que c’est ?»


Justement, cela m’emmène à vous poser la question de l’art infiltrant. Qu’est-ce que c’est ?
Je ne sais pas s’il y a une définition. On fait du collage illégal, on montre un autre visage des choses. Cette forme, elle s’est faite au culot. Les gens se disent « Comment c’est possible dans cet endroit alors que je pensais que c’était le pire ? ». On montre que c’est possible, qu’il n’y a pas que des trafiquants, etc.


Ces expositions, elles demandent beaucoup de temps et de prises de risques. Plus encore avec une caméra à l’épaule ?

Le côté illégal, c’est forcément une prise de risque : on ne sait pas si, à la fin de la journée, on va rentrer avec la moitié de l’équipe au poste de police ou avec des images magnifiques.


Et le film est finalement arrivé à Cannes.
Oui, on monte depuis six mois. Je ne voulais pas de sponsors. J’estime que ces gens m’ont donné leur confiance, ce n’est pas pour qu’ils soient « récupérés » par une marque. La sélection à Cannes nous a vraiment donné envie de montrer le film tout de suite. Un peu comme cette spontanéité quand on colle tout de suite une affiche. C’est un grand soulagement que de pouvoir le faire, c’est la promesse que j’ai faite à ses femmes que de faire voyager leurs histoires.

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